Bonne semaine : la culotte menstruelle « Made in Vosges » Zéro déchets !
Vous en rêviez ? Bonne Semaine l’a fait ! Aude Balland, entrepreneuse, crée la première culotte menstruelle Made in Vosges, en partenariat avec « Maille Verte des Vosges » et « Crouvezier Développement ». Un projet ambitieux qui allie bénéfice santé, économie locale et réduction des déchets.
Entretien avec Aude Balland, créatrice de « Bonne Semaine » et François FEBVET, responsable commercial France chez « Maille Verte des Vosges ».
EVODIA – Bonjour Aude Balland, après 10 ans dans le secteur pharmaceutique, vous vous êtes lancée dans l’aventure de l’entreprenariat et avez donné naissance à « Bonne semaine », la première culotte menstruelle Vosgienne. Racontez-nous …
AUDE BALLAND : J’ai baigné dans l’univers du textile durant toute mon enfance. Mes parents étaient ouvriers chez Boussac et ma mère était aussi bénévole au secours catholique à Epinal. Le mercredi elle distribuait des lots de vêtements aux familles et moi j’étais aux retouches avec les mamies – une pratique qui est restée et que j’ai développée bien plus tard avec l’arrivée de mes enfants…
EVODIA – L’univers textile est très large, pourquoi la culotte menstruelle spécifiquement ?
AUDE BALLAND : Je suis très sensible aux enjeux liés à une consommation éco-responsable. Le « Zéro déchet » en fait partie et, en devenant maman, j’ai eu envie de revoir ma façon de consommer, de limiter le plastique, d’investir dans le durable.
A cela vient s’ajouter mon expérience de formatrice dans l’industrie pharmaceutique. J’ai pu constater un vrai problème de santé lié au matériel menstruel. Les effets cancérogènes et les perturbateurs endocriniens des composants chimiques présents dans les serviettes et tampons hygiéniques sont un vrai problème. Sans compter la quantité de déchets qu’ils représentent, à savoir, en moyenne 100 kg par femme dans une vie, ce n’est pas anodin !
Du coup, j’ai commencé à coudre mes premières culottes menstruelles en recyclant des draps et alèses de lits bébés de mes enfants, devenus inutiles. Les premiers patrons sont partis de là ! Puis j’ai décidé de me lancer, après une campagne de financement participatif sur KisskissBankBank qui m’a permis de réunir les fonds nécessaires.
EVODIA – Votre projet se caractérise par une vraie éthique économique, comment cela se traduit-il ?
AUDE BALLAND – C’est vrai, la période Covid et la réactivité de l’industrie textile Vosgienne ont été un déclic. C’est important pour moi de m’assurer que l’argent généré par Bonne semaine profite au tissu économique local. Pour cela, j’ai dès le départ recherché des fournisseurs locaux et j’ai eu la chance de rencontrer Maille Verte des Vosges (MVV) qui a tout de suite été intéressé par le projet.
FRANCOIS FEBVET (MVV – MAILLE VERTE DES VOSGES) : En effet. Le projet « Bonne Semaine » a retenu notre attention du fait de sa cohérence globale et de cette exigence de circuit court, que nous partageons en tant que porteurs du Label « Vosges Terre Textile® ».
AUDE BALLAND : Je me souviens des regards surpris et amusés, lors de nos premiers échanges et face à un milieu très masculin, devant mes petites culottes ! L’accompagnement de MVV et leurs conseils techniques ont été extrêmement précieux. Car la culotte menstruelle est un produit relativement technique qui nécessite 3 tissus différents : l’extérieur en jersey, l’insert composé de 2 micro-éponges absorbantes et la membrane extérieure imperméable. Avec 3 impératifs : être totalement imperméable, résister à des lavages fréquents et être confortable, bien sûr.
FRANCOIS FEBVET (MVV) : Nous avons dans un premier temps échantillonné 20 mètres de jersey contrecollé, très fin pour la production des prototypes. En effet, nous avons fait profiter Bonne Semaine d’un test avec l’entreprise CROUVEZIER DEVELOPPEMENT, ennoblisseur à Gérardmer pour obtenir le tissu parfait pour la production des culottes. Le jersey sort de MVV et part à Gérardmer ou il est contrecollé d’une membrane imperméable très fine, ce qui réduit l’épaisseur totale de la culotte. Au-delà de notre savoir-faire technique, MVV apporte un gage de qualité et de respect de l’environnement via les certifications 9001, 14001 et OEKO-TEX® 100. Pour répondre parfaitement aux exigences du produits, nous avons aussi été chercher un coton bio, spécialement sourcé pour « Bonne Semaine ». Nous avons aussi trouvé un accord pour pallier notre impératif de volumes.
AUDE BALLAND : Oui, la quantité minimale de commande à savoir 800 mètres était incompatible avec mes capacités de stockage et de financement. Nous avons convenu d’une commande fractionnée qui me permet d’être cliente de MVV !
EVODIA – Et pour les volets production et distribution, le circuit local reste de mise ?
AUDE BALLAND : Tout à fait ! Les opérations de découpe et de couture sont effectuées dans les ateliers du chantier social AMI à Epinal. La distribution s’organise autour d’un réseau de magasins de produits locaux et/ou et de pharmacies locales, réseau que je connais bien ! Cet ancrage local et les échanges en direct avec mes revendeurs sont aussi importants pour avoir des retours clients sur mes produits.
EVODIA – Bonne Semaine en est à ses tout débuts, avez-vous d’ores et déjà des pistes de développement ?
AUDE BALLAND – Aujourd’hui, le modèle preum’s est disponible à l’unité pour être testé et sera ensuite disponible en lot de 3. Un modèle nuit et un modèle pour les 12-14 ans viennent aussi tout juste de sortir et d’autres projets sont à l’étude comme une protection pour les seniors.
Je souhaite aussi aller plus loin sur l’aspect réemploi, récupération et recyclage. Je travaille par exemple en ce moment sur la récupération de bois issus de fonds d’armoires pour la fabrication des présentoirs. L’association AMI, déjà impliquée dans le projet pour la production des culottes intervient aussi sur ce volet réemploi. Et pourquoi ne pas travailler sur un insert en tissu recyclé, idem pour une pochette de rangement… l’éventail des possibilités est large et la demande est au rendez-vous !
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